Lutte contre le harcèlement en ligne des sportifs aux Jeux Olympiques
Le thème est traité avec sérieux. À trois mois des Jeux olympiques et paralympiques de Paris (du 26 juillet au 8 septembre), les autorités françaises et le Comité international olympique (CIO) veulent garantir « la sécurité mentale » des athlètes en les défendant contre la cyberintimidation. Les sportifs sont de plus en plus la cible de railleries, d’injures voire de menaces de mort sur Internet ; ces attaques se retrouvent aussi bien dans des remarques d’articles en ligne ou de publications YouTube que sur les médias sociaux X, Instagram, Facebook et TikTok.
« C’est tellement présent et malheureusement normalisé qu’il est complexe d’évaluer l’ampleur de ce problème, déclare à The Monde Kirsty Burrows, responsable de l’unité pour la pratique du sport en toute sécurité au CIO. Si quelqu’un vous attaque en ligne juste avant votre compétition, vous ne vous sentirez pas en sécurité, même si votre environnement physique est sûr. Nous devons donc soutenir les athlètes en éliminant ces menaces. »
Ainsi, l’établissement va recourir à une technologie intelligente (TI) – supervisée par un fournisseur travaillant avec les plateformes – capable d’éliminer « en temps réel dans plus de trente-cinq langues et dialectes » les messages hostiles des comptes sociaux des quelque 15 000 athlètes olympiques et paralympiques, ainsi que ceux des entraîneurs et des officiels (plus de 2 000 personnes). « Ils auront tous accès à ce dispositif s’ils le souhaitent, nous le leur proposerons systématiquement », précise Mme Burrows.
C’est la première fois qu’un tel système sera déployé durant tout l’événement olympique. Le but est de supprimer le contenu abusif avant sa lecture. « Nous anticipons près d’un demi-milliard de messages sur les réseaux sociaux, souligne Kirsty Burrows. Si vous consacrez une seconde à chacun [avec une modération entièrement humaine], cela prendrait seize ans pour tous les traiter. En négligeant la sécurité numérique, nous manquerions à notre devoir. » Dans l’éventualité où un athlète verrait le commentaire avant sa suppression, trois psychologues seront également présents au village des sportifs.
En parallèle, le département des sports indique que les athlètes français et internationaux qui le souhaitent peuvent se tourner vers Bodyguard, entreprise française spécialisée dans la défense des comptes des réseaux sociaux. Déjà employée par la Fédération française de tennis et la Ligue de football professionnel, Bodyguard occulte grâce à une TI les messages jugés nocifs – ceux-ci n’étant alors visibles que pour leur auteur –, mais également les émojis ou autres symboles (utilisés pour insulter un sportif noir, par exemple). En effet, pour contourner les algorithmes qui détectent les messages haineux, les internautes « réinventent le langage », explique Charles Cohen, fondateur et président de Bodyguard. « Ils comprennent le fonctionnement des filtres et cherchent à les éviter », ajoute-t-il.
La lutte contre la cyberintimidation des athlètes aux Jeux Olympiques est prioritaire et différentes mesures sont déployées pour les protéger. Les technologies comme la technologie intelligente jouent un rôle crucial dans cette lutte et permettent de contrer les messages hostiles sur les réseaux sociaux.
Source : www.lemonde.fr