L’intelligence synthétique dans le processus de recrutement
Au mois de janvier écoulé, Anne Vulliez a réagi à une petite annonce pour un emploi proposé par la SNCF. Quelques jours plus tard, elle a reçu un message électronique l’informant qu’elle avait été retenue pour un entretien d’embauche en ligne, sans aucun recruteur derrière l’écran.
Lors de l’entretien, Anne a été surprise par la méthode utilisée. Elle a été obligée de cliquer sur un lien, passer un bref test, puis répondre à trois interrogations écrites en une minute chacune tout en étant filmée par sa caméra. « Je n’ai guère eu le temps de dire bonjour et merci que l’entretien était déjà conclu, » raconte-t-elle. Quelques semaines plus tard, elle a reçu un nouveau courrier électronique lui notifiant qu’elle n’avait pas été sélectionnée. « Il n’y a eu aucun échange humain du commencement à la fin, » s’étonne-t-elle.
Actuellement, de nombreuses sociétés ont recours à l’intelligence synthétique (IS) dans diverses étapes du processus de recrutement, particulièrement dans la rédaction d’annonces d’emplois et les entretiens. L’IS générative, rendue célèbre par ChatGPT, est un outil additionnel de plus en plus utilisé. Toutefois, certaines sociétés vont même plus loin en ayant recours à des agents conversationnels pour mener des entretiens et analyser les sentiments des candidats.
Ces pratiques, justifiées par des motifs économiques et la prétendue impartialité des algorithmes, sont sujettes à controverses. En effet, des affaires de partialité ont été mises en lumière, comme celle d’Amazon en 2018 où un outil de tri automatique favorisait les candidats masculins pour des emplois techniques.
Il est par conséquent crucial de rester attentif à l’usage de l’IS dans le recrutement, dans le but de garantir un processus juste pour tous les postulants.
Source : www.lemonde.fr