Copie en environnement scientifique : de quelle manière la technologie intelligente peut faciliter sa détection

Pendant cette période de retour en septembre, plusieurs chercheurs français ont mis en lumière il y a peu que l’une de leurs recherches publiée en 2021 avait été honteusement copiée par des scientifiques de Chine. Cette étude française portait sur l’échographie du diaphragme chez les rats. « Un domaine d’étude peu populaire, intéressant surtout les experts pointus, s’amuse à dire l’un des auteurs, le Professeur Frédéric Lofaso. C’est pourquoi, d’après lui, leurs collègues chinois ont probablement pensé qu’en copiant l’étude, cela passerait inaperçu. Nous touchons là quasiment au « copiage », en effet. Dans l’étude chinoise parue un an plus tard, en 2022, des fragments de phrases présentent des similitudes. La problématique initiale, la méthode scientifique, les résultats et les références bibliographiques sont identiques. « Ils n’ont même pas fait semblant », souligne le professeur Lofaso.

Pourquoi copier le travail scientifique de ses pairs ? Parce que la pression de publication devient de plus en plus grande, expliquent les chercheurs. Dans le domaine scientifique, un proverbe anglais prévaut, « publier ou périr ». Il est indispensable de publier régulièrement, car plus on publie, plus on est visible, et plus on progresse dans sa carrière scientifique, tout en recevant davantage de financements pour son laboratoire et ses futures études. Ainsi, dans cette course à la publication, la tentation de copier est forte.

S’il est vrai que la plupart des revues scientifiques vérifient les contenus avant de les publier, ce n’est pas le cas pour toutes, à l’instar des revues qualifiées de « prédatrices ». Moyennant plusieurs milliers de dollars, elles ferment les yeux et publient votre article en quelques jours seulement. « Vous pourriez leur soumettre la recette de la tarte tatin, ils la publieraient… tant que vous payez », déplore le professeur Marc Samama. Il occupe la fonction de président de l’Office d’intégrité scientifique de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et est éditeur de deux revues scientifiques très respectées spécialisées en anesthésie. Chaque semaine, Marc Samama reçoit entre 10 et 40 articles de chercheurs souhaitant être édités. Environ 20% éveillent des soupçons, et 5% sont finalement rejetés pour cause de copie, un chiffre en augmentation. Cependant, certains cas de copie passent inaperçus.

Pour détecter la copie parmi les articles reçus, les éditeurs font usage de logiciels de technologie intelligente qui recherchent des similarités avec des articles déjà publiés. En revanche, les fraudeurs recourent également à la technologie intelligente pour « modifier » des phrases (substituer les mots d’une phrase). Par exemple : « Aujourd’hui, le temps est ensoleillé ». La technologie intelligente peut modifier cette phrase en « Actuellement, le climat est splendide ». Le sens reste identique, mais les termes diffèrent. Dans ce cas, repérer la copie est plus complexe. Le contenu doit être formulé d’une manière totalement différente.

Date de parution : 06/09/2024 08:03 – Durée de lecture : 2 min