Le marché international du disque et de l’édition musicale (Midem) s’est tenu à Cannes le 24 janvier dernier. Cette édition marque un tournant majeur pour cet événement professionnel de la musique, mettant à l’honneur l’intelligence artificielle et le live.
Un habitué du Midem, Pierre Quirin, éditeur de musique congolaise, souligne le changement de cap. Selon lui, le festival a évolué : « Avant, on voyait des défilés de Ferrari, des millions de dollars en cash derrière les stands ». Cependant, en 2024, une nouvelle ère s’ouvre pour le festival. Après des années difficiles pour l’industrie musicale et la crise sanitaire de 2020, le Midem renaît en 2023 grâce à l’impulsion de la mairie de Cannes qui a racheté la marque.
La création de la taxe streaming en France témoigne de cette dynamique retrouvée du marché de la musique. Le maire de Cannes, David Lisnard, a souligné cette reprise de couleurs lors de son discours d’ouverture. Pour dépoussiérer cette institution désertée par la profession, une nouvelle formule a été mise au point, avec une nouvelle graphie : MIDƐM + 24. Les stands ont été remplacés par des conférences, des ateliers et une application numérique, tout en préservant l’essence de cet événement créé en 1967, qui réunit les acteurs de la musique pour discuter des enjeux de leur secteur, réseauter, nouer des partenariats et signer des contrats.
Le Midem 2024 a été marqué par des discussions sur les opportunités et les menaces que représente l’intelligence artificielle pour l’industrie musicale. Stewart Copeland, ancien batteur du groupe Police et parrain de l’événement, a humoristiquement déclaré : « We are fucked ». Jean-Michel Jarre, parrain de l’ensemble de l’évènement, s’est montré plus enthousiaste en rappelant que la technologie est neutre et que tout dépend de son utilisation.
Des sujets moins courants ont également été abordés, notamment l’impact de la compression sonore sur la santé et le bien-être. Christophe Rioux, spécialiste des industries culturelles et créatives à Sciences Po, a sensibilisé les professionnels aux effets secondaires des industries sonores, soulignant l’importance d’un accès à un son de qualité comme enjeu de société.
Les plateformes de streaming telles que Spotify et Deezer ont également participé à l’événement pour discuter de la répartition de la rémunération dans le streaming et leur volonté de mieux rétribuer les artistes. La question de la lutte contre les streams frauduleux et de la limitation des pistes de « noise » a également été évoquée.
Malgré cette vitalité retrouvée, l’absence des réseaux sociaux comme Meta, Tiktok et Youtube, actifs dans la diffusion de la musique, n’est pas passée inaperçue. Ces plateformes étaient notablement absentes du Midem 2024.
Cette édition a donc marqué un renouveau pour le Midem avec une attention particulière portée à l’intelligence artificielle et au live, faisant ainsi écho aux nouveaux défis et opportunités qui se présentent pour l’industrie musicale en cette nouvelle ère numérique.
Source : www.lemonde.fr