Un cinéma mythique et l’intelligence artificielle
L’Éden, le tout premier cinéma de ma ville natale de Tel-Aviv, a ouvert ses portes en 1914. Le tout premier film montré était Les Derniers Jours de Pompéi (Mario Caserini, 1913), peu après le commencement de la première guerre mondiale. « Les films ont été importés d’Egypte, les chaises de Grèce et le projecteur de France », ainsi était-il mentionné dans le journal Haaretz, cent ans après la naissance de ce cinéma mythique.
Les productions muettes présentées à l’Éden étaient accompagnées par un ensemble musical. En 1930, le premier film sonore en Palestine y fut projeté de manière grandiose. Cependant, les membres de l’orchestre ont contesté leur licenciement par le cinéma. Après de longues discussions entre la Fédération générale des travailleurs d’Eretz-Israël (la Palestine mandataire) et les propriétaires du cinéma, il fut décidé que ces derniers continueraient à les rémunérer pendant plus d’une année après la fin de leur prestation.
L’intelligence artificielle dans la publication : un défi pour les traducteurs
La montée en puissance de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine de la publication provoque des inquiétudes légitimes concernant les droits des traducteurs, notamment l’obligation de collaborer avec des textes préalablement traités par des IA, entraînant ainsi des répercussions sur leurs conditions de travail et leur statut. Les accords de postédition basés sur des traductions automatisées, tels que DeepL, conduisent à une baisse des tarifs, et le manque de clarté de certains éditeurs quant à l’utilisation de l’IA constitue un enjeu préoccupant. De plus, la postédition peut parfois demander davantage de temps que la traduction traditionnelle.
S’émerveiller tout autant qu’être alerté devant l’IA
Toutefois, il convient d’appréhender les défis liés à l’IA non comme une menace, mais comme une opportunité à saisir. En effet, comme pour toute révolution technologique, il est fort probable qu’à un moment donné, les discussions actuelles autour de l’IA et les débats passionnés qui en découlent paraîtront aussi absurdes et dépassés que les protestations des membres de l’orchestre des films muets à l’Éden.
L’humain a délibérément opté pour créer une machine pour rivaliser avec lui-même, mais désormais il est préoccupé par la potentielle suprématie de sa propre création. Effectivement, il est compliqué de ne pas être ébahi – et inquiet – face à la remarquable capacité de l’IA : elle peut réfléchir et agir bien plus rapidement que nous, avec une précision inégalée − notamment parce que la machine, contrairement à nous, n’est pas troublée par les distractions extérieures de la vie.
Source : www.lemonde.fr