Depuis l’arrivée de ChatGPT sur le marché, en novembre 2022, beaucoup a été dit sur les risques et les avantages liés à l’intelligence artificielle générative (IAG). Ces outils promettent une rapidité de traitement des informations et une libération de temps pour les entreprises, mais ils soulèvent également des inquiétudes quant à la perte d’emplois, la création de faux profils et images, et les éventuels biais dans les algorithmes.
Cependant, une question doit être posée : ces risques et avantages sont-ils les mêmes pour les femmes et les hommes ? Malheureusement, la réponse semble être non. Les femmes sont largement sous-représentées dans le secteur du numérique et de l’IA, ne représentant actuellement que 12% des emplois. Cette inégalité de représentation est une des raisons du sexisme des algorithmes conçus dans un univers largement masculin.
Impact sur la diversité et l’égalité
L’un des principaux risques de cette sous-représentation est l’invisibilisation progressive des femmes dans les métiers du numérique, notamment dans la préparation des données pour les modèles d’IAG. Cette situation engendre des biais et des stéréotypes dans les algorithmes, et nuit à l’inclusion de toutes les diversités.
Hélène Deckx van Ruys, du Laboratoire de l’égalité, souligne l’importance de la représentation des femmes dans tous les métiers liés à l’IA pour débiaiser les algorithmes et inclure toutes les diversités. Faute de quoi, les biais perdureront et seront amplifiés, menaçant l’égalité et la diversité.
Une situation complexe
Paola Tubaro, spécialiste de l’économie des plates-formes numériques, met en lumière la situation des travailleurs de l’ombre, majoritairement des femmes, qui effectuent des tâches de préparation des données pour les modèles d’IAG, tout en étant minoritaires. Ces tâches générées exacerbent les inégalités, ajoutant une charge supplémentaire aux femmes et les forçant à réaliser des tâches de moins haut niveau et moins rémunérées que celles des hommes.
En Afrique francophone, les centres de préparation des données emploient aujourd’hui majoritairement des hommes, laissant les femmes en marge de ces opportunités liées à l’IA.
En conclusion, il est urgent de prendre des mesures pour garantir une représentation égale des femmes dans le domaine de l’IA, afin de réduire les risques de biais dans les algorithmmes et les inégalités de traitement. Il en va de l’égalité, de la diversité et de la justice dans un monde de plus en plus régi par l’intelligence artificielle.
Source : www.lemonde.fr