Les Défis de l’Intelligence Artificielle aux Nations Unies
Publié le 04/04/2025 à 15:23
L’Intelligence Artificielle : Avancées et Craintes
Dans le paysage actuel, il est difficile de passer une journée sans entendre parler de l’intelligence artificielle (IA) et de ses innovations rapides, ainsi que des appréhensions qu’elle suscite. Celles-ci sont particulièrement palpables au sein de la profession d’interprète, un emploi historiquement humain et intrinsèquement lié à la communication interculturelle.
Le Rôle Crucial des Interprètes aux Nations Unies
Chaque année, environ 2 700 conférences se tiennent aux Nations Unies, nécessitant la présence d’un staff d’interprètes hautement qualifiés. Se tenant dans la salle 20 du Palais des Nations à Genève, le Conseil des droits de l’Homme fait appel à ces experts pour traduire les discours des représentants diplomatiques dans les six langues officielles de l’organisation.
Monica Varela Garcia, à la tête des interprètes, rappelle que leur travail n’est pas simplement celui de des « perroquets » ; plutôt, ils doivent saisir et retransmettre le sens profond des échanges. Elle souligne l’importance de la communication non verbale qui accompagne souvent ces dialogues, ce qui rend leur rôle fondamental dans un environnement où les nuances sont décisives.
Une Préoccupation Légitime
Avec une moyenne de sept conférences par jour, les interprètes sont constamment occupés, et l’émergence de technologies d’IA comme ChatGPT ou Deepl suscite une anxiété croissante face à la possibilité de leur remplacement par des solutions moins coûteuses. Cependant, Monica Varela Garcia reste optimiste, affirmant que l’interprétation en direct, qui ne peut être modifiée après coup, ne sera pas aisément confiée à des machines, un processus qu’elle juge potentiellement dangereux.
Les Limites de l’Intelligence Artificielle
Un autre élément de réassurance pour les interprètes réside dans le fait que l’IA ne parvient pas encore à comprendre les subtilités de la diplomatie. Selon Rima Al-Chikh, responsable de la division des conférences à l’ONU, la complexité des discussions à l’ONU va bien au-delà de la simple traduction de mots. Les outils d’intelligence artificielle peuvent fournir des réponses, mais souvent avec des interprétations erronées, surtout dans un contexte aussi sensible.
Elle fait valoir que, pour l’instant, seule cette équipe d’experts en interprétation possède l’expérience et la compréhension nécessaires pour naviguer dans ces discussions critiques.
Une Pratique Évolutive
Cependant, l’ONU utilise déjà des technologies d’assistance à la traduction pour traiter les 250 000 pages de documents officiels devant être traduites chaque année. Néanmoins, l’adoption de l’IA pour ces tâches doit être approuvée par les États membres, dont les opinions divergent sur l’opportunité d’une telle démarche. L’enjeu sera aussi de choisir un système, que ce soit américain, chinois ou autre, ce qui laisse entrevoir un potentiel conflit lié à l’IA.
La route reste donc semée d’embûches pour l’implémentation généralisée de l’IA aux Nations Unies, mais une chose est sûre : le besoin d’expertise humaine sera toujours essentiel pour assurer un fonctionnement harmonieux dans cette organisation de premier plan.
Source : www.francetvinfo.fr